Archives mensuelles avril 2020

Se décourager ou persévérer ?

Nous sommes en février 2020, nous partons en mission à Besançon. Le temps est beau. Je suis le copilote de mon petit-fils, un long voyage de près de cinq heures nous attend.

Ah, les missions…
En 1974, jeune pasteur encore, j’avais été encouragé par la venue de plusieurs familles. Les parents avaient trouvé le Seigneur, mais ils avaient de grands ados qui étaient des « malgré-nous », à la traîne des parents qui eux, avaient envie de suivre le Seigneur. Que faire avec des ados indisciplinés, arrogants, parfois méprisants, qui ne voyaient dans nos réunions qu’une entrave à leur liberté ?
Un certain samedi soir restera gravé dans ma mémoire.

C’est une réunion de jeunes à laquelle se sont joints trois jeunes frères affermis de l’église de Saint-Dizier...

Avoir honte !

Tiens, sœur Fidel n’était pas au culte ce matin ! Je n’avais pas encore de téléphone et elle non plus. Cet objet indispensable de nos jours n’avait pas encore été démocratisé. Cette absence tout à fait inhabituelle m’inquiétait… peut-être était-elle malade ? Dès la fin du culte, je m’empresse de me rendre rue du Clos Adonis dans la maison où elle réside. Avec un peu d’anxiété, je frappe, et ouf c’est elle qui ouvre !

Habillée en robe de chambre, elle est très pâle, et me faisant entrer me dit : « Je n’ai pas pu vous prévenir, le médecin qui a diagnostiqué une pointe de pleurite (c’est une pleurésie sèche) m’a interdit de sortir. ». Pleurite ? Je n’avais jamais entendu ce mot, je ne suis pas médecin...

De chouettes histoires

Jeune gamin encore, à la pêche avec mon papa, je trouvais parfois le temps long, car il ne remballait les gaules qu’à la nuit tombée lorsqu’il n’apercevait plus le bouchon ! Alors de temps en temps, las de fixer ce bouchon immobile (que nous appelions en patois « le boquot »), j’allais me dégourdir les jambes et me balader vers la ferme proche du lieu de pêche, manière d’apercevoir peut-être des animaux !
Pas d’animaux à l’horizon – erreur, si !! Clouée après la porte de la grange, une chouette. Elle déployait, comme crucifiée pour conjurer le mauvais sort, offrait son corps au bataillon de mouches … Écœuré, je m’éclipse pour partager avec papa ma macabre découverte …

Mon père me dit alors

-Fiston, ce n’est pas bien...

L’oeuf ou la poule ?

Aujourd’hui, je vous emmène à Toul en mai 1961.
Ces 2 mois d’armée ont été 2 mois d’entraînement, pour nous exercer à l’endurance nous mettre à l’épreuve, nous endurcir. Les ballades journalières de 25 km à pieds avec un sac rempli de cailloux étaient devenues une banalité coutumière.
Maintenant, nous passons à un stade supérieur : nous allons bivouaquer, passer des nuits dehors mais nous ne sommes pas des sauvages : chacun a reçu un quart de tente… et il faut donc trouver les 3 copains qui ont le quart correspondant pour assembler le tout. Quel casse-tête ! C’est des bousculades, des questions (- Tu as quel quart, toi ?)...

Un beau voyage gratuit

Ce monde pressé, huilé, horlogé, nous ne le connaissions pas souvent à l’armée. J’ai entendu de « belles formules »: « ne pas faire aujourd’hui ce qu’un autre peut faire pour vous demain ! » (mais oubliez cette formule, svp !), « attendre le contre ordre avant d’exécuter l’ordre », « se hâter très lentement »…
Ça y est, nous sommes arrivés sur les quais du port d’Alger après un très long voyage. D’abord en train de Toul à Marseille, puis sur un vieux rafiot, le  » Sidi Ferruch », remis à flots malgré sa mise à la retraite, pour transporter les nombreux contingents d’appelés ou de rappelés de l’armée afin d’effectuer des « opérations de maintien de l’ordre. »
Ce que je retiendrai de ce voyage de 28 heures… c’est que c’est long !!!

La cale est surchargée de lits pliab...

Un confinement utile…

Avant de partir en Algérie en juillet 1961 comme militaire appelé, j’avais supplié le Seigneur (que je connaissais peu encore) de me garder d’avoir à tuer mon prochain mais aussi de faire en sorte que ce séjour prolongé soit utile tant pour ma vie que celle d’autres personnes.
Mais comment être utile à d’autres en étant confiné sur un terrain de 100x 100 mètres environ, entouré de hauts barbelés en rouleaux et sans presque aucun contact avec les gens de l’extérieur ? Parfois, j’entendais le cri des enfants qui jouaient et cela me faisait regretter cet état de confinement…

A l’heure du repas, nous nous rendions au « fromage », désignation de notre réfectoire.
Une construction ronde en aluminium avec des fenêtres mais sans aucune ventilation...

Quel roi choisir ?

En 1557, l’Amiral Coligny défendait St Quentin que l’imprévoyance des Valois avait livré aux Espagnols. La ville n’avait que des remparts en ruines. Un jour, l’ennemi lança des flèches portant des bandelettes promettant aux défenseurs la vie sauve s’ils se rendaient. Pour toute réponse, Coligny écrivit :  » Nous avons un roi ! ».
C’était pour lui l’expression héroïque de sa soumission au souverain de France Henry 2 dont le fils Charles 9 allait cependant devenir le responsable de la mort de l’Amiral lors du massacre de la St Barthélémy en 1572.
Finalement, St Quentin passa pendant un temps aux mains des espagnols malgré le courage de Coligny.

Notre monde est quant à lui revendiqué par 2 rois.

Il y a le diable, l’adversaire : lorsqu’Adam et Eve, séduits et trompés par lui, o...

Victoire sur le « Moi »

Quel privilégié j’étais en cette année 1971 ! J’avais la jeunesse et la conviction d’être à ma place dans cette ville de Chaumont où je m’efforçais, depuis quelques mois, de présenter l’évangile dans une petite salle de 50 mètres carrés. Elle m’était prêtée gracieusement et une église constituée depuis quelques années en association cultuelle avait consentie à m’envoyer chaque mois 300 francs (environ 45 euros) pour subvenir à mes besoins essentiels (nourriture, déplacements, téléphone, correspondance, vêtements, etc.) ce qui me permettait d’apprendre à gérer, économiser et donner. Donner ? Oui, car habitant encore à Saint-Dizier, j’effectuais le trajet aller-retour à mes frais, ce qui ne représentait aucun problème pour moi.

J’officiais seul avec la responsa...

Dieu pourvoit!

Un jeune bambin joue dans la rue sous l’œil attentif de sa maman. Quelques minutes d’occupations donc d’inattention et notre jeune garçon insouciant explore sa rue et découvre les dédales de rues adjacentes. Au bout d’un certain temps, sa maman ne le voyant plus, se précipite affolée chez sa voisine: il n’y est pas !!! Après une recherche infructueuse aux alentours, il reste introuvable, elle s’inquiète. Et si c’était un enlèvement ? De nos jours, tout est possible… Elle se décide à appeler la police, les recherches s’organisent… en vain !
Avec quelle ferveur ces parents chrétiens s’adressèrent-ils à Dieu pour lui recommander leur cher enfant !
La journée passe dans l’angoisse. Enfin un appel téléphonique qui leur apprend que leur trésor est retrouvé...

Dieu est fidèle

Elle était née le 31 Décembre 1899. Quand elle était embarrassée par les nouvelles technologies et qu’elle s’en remettait à moi, je lui disais souvent pour la taquiner: « – C’est normal, vous êtes du 19ème siècle ! »
Bien qu’ayant quitté la ville où elle résidait, je n’ai jamais eu aucune peine à retenir sa date d’anniversaire et c’est avec grand plaisir que j’ai pu le lui souhaiter, accompagné de mes vœux de nouvel an, au cours des 15 dernières années de sa vie.
La dernière fois que je l’ai vue, elle ne pouvait plus sortir car s’était cassé le col du fémur. De passage dans sa ville, j’avais décidé de lui rendre visite. Rien n’avait changé dans cette cuisine que je connaissais depuis 30 ans. Elle était là, souriante, accueillante, aimable, comme je l’avais toujours connue...