Je viens de relire les fragments de la biographie de William Borden (1887-1913), fils et héritier légitime du milliardaire et propriétaire des produits laitiers Borden. À la fin de ses études secondaires et avant d’entrer à l’université, 2 événements changèrent à tout jamais le cours de sa vie.
Le premier : sa rencontre percutante avec le message de l’Évangile. Après avoir entendu la prédication du célèbre évangéliste Moody, William reconnut son besoin de Dieu, fit l’expérience d’une repentance profonde et donna sa vie à Christ.
Le deuxième : ses parents lui offrirent, avant d’entrer à l’université, un tour du monde comme cadeau. Ce fut pour lui l’occasion d’ouvrir les yeux sur la réalité de la pauvreté sévissant dans les différents pays qu’il visita.
À son retour de voyage, il annonça à sa famille la décision de partir sur le champ missionnaire pour prendre soin des plus démunis de la planète. Le paternel, furieux de voir s’envoler les rêves de carrière qu’il avait formés pour son fils, menaça de lui couper les vivres. Ses amis consternés le ridiculisaient. Il se retrouva très seul mais déterminé à répondre à l’appel de son Dieu. Il se joignit à la faculté de théologie de l’université de Princeton où il se distingua par son témoignage. Personne n’aurait pu se douter qu’il était milliardaire mais personne ne pouvait douter qu’il était chrétien. À la fin de ses études, il s’en alla servir parmi les plus vulnérables et abandonnées d’Egypte.
Au bout d’un certain temps passé à servir passionnément dans des bidonvilles et camps de réfugiés, William reçu une lettre de son père lui apprenant qu’il serait déshérité et renié en tant que fils. Il écrivit dans sa bible d’études toute neuve : « Pas de compromis, pas de retour en arrière » (résumé lu dans « Découvrez votre Potentiel » de Claude Houde).
J’aime cette devise : « Pas de compromis ».
Après mon baptême, j’ai eu un accident de mobylette qui m’amena à l’hôpital. On crut que j’avais la clavicule cassée. Il n’en fut rien, mais j’eus du mal à lever mon coude durant au moins 2 mois. Mon ami Ramõn me proposa alors de l’accompagner 15 jours en Espagne visiter sa famille.
Nous logions dans un petit village de montagne qui s’appelait Artar, après Valence. Deux habitants en hiver et 200 en été. Cette petite maison était la résidence secondaire d’une fille, dont la grand-mère Antonia gardait les 2 enfants. Plusieurs choses m’ont frappé :
L’accueil : avant l’arrivée, nous avions eu la permission de dresser notre tente chez un fermier, qui, à 6 heure du matin nous réveilla pour nous proposer le petit déjeuner. C’était des poulpes grillés dont « les tuyaux » eurent du mal à passer dans mon gosier novice.
La rencontre de la famille : le neveu de Ramõn avec sa Tia Antonia et ses cousins ont manifesté une joie exubérante de se revoir en tournoyant pendant au moins 5 minutes d’horloge. Décidément, mon origine « Grand Est » fait de moi quelqu’un de moins enthousiaste.
Les repas : pris très tardivement vers 15h/15h30 pour les déjeuner et 23h pour les souper. Le premier jour, ne voyant rien sur le feu vers midi, j’ai honnêtement cru que nous jeûnions. Ce n’est que vers 15h que l’on commença à sortir le plat de paëlla qui fut, je vous l’assure, succulente et fort appréciée (pas le plat, mais la paëlla 😉)
La chaleur : waouh ! Dans ces petites maisons mal isolées et qui ne sont occupées qu’en été, il était difficile de trouver le sommeil. Cela me rappelait mon séjour en Algérie sous les toits de tôle ondulés, 7 ans plus tôt. Le gamin Josélito essayait de me faire plaisir en apprenant de petites phrases en français auprès de Ramõn et ça donnait de petits quiproquos amusants. Avant le repas, il lui avait demandé la traduction d’une expression en français. L’ayant enregistré à sa manière, il vint vers moi tout souriant, me tapa sur l’épaule affectueusement et me dit fièrement « Bon petit ! ». Oui, vous avez trouvé, ça voulait dire « Bon appétit ».
Tia Antonia me donna une petite leçon de théologie que j’ai retenue. Je la voyais lire très souvent la Bible mais avec difficulté car étant plus jeune elle avait dû garder les chèvres comme Peter dans Heidi. Je lui fis comprendre :
– Tia Antonia, comprenez-vous ce que vous lisez ?
Elle répondit: :
– Quand je ne comprends pas, je dis : Alléluia, et je continue. Quand je mange du poisson et que je rencontre des arrêtes, je les mets sur le côté de l’assiette et je mange la chair !
Merci Tia Antonia pour la simplicité de ta foi.
Un jour, nous avons été invités chez une fille de la Tia. Pour s’y rendre, il faut passer par des routes non-goudronnées. À un endroit, sur le côté, on apercevait une crevasse de 10m de profondeur avec au fond, une charrette en bois. Josélito me désigna « El Cañon de la muerte » où était tombé un attelage un soir d’orage.
La fille et son mari formaient m’a-t-on dit un couple engagé dans la foi. Le mari s’était lancé dans les affaires. Les camions d’approvisionnement ne pouvant pas entrer dans Valence, il avait acheté 1, 2, 3, 4… voiturettes à trois roues pour charger les marchandises et semble-t-il, son cœur s’était laissé prendre par les richesses. Dans la maison, par terre, derrière une grande télévision, un panneau qui fut un temps bien visible indiquait « Christ est le chef de cette maison ».
« Pas de compromis ! »
Quand les richesses s’accroissent, n’y attachez pas votre cœur.
Psaumes 62 :11b
– André