DE SOLO A DUO (11)

C’est enfin le jour J, l’heure H du mariage…. Dans l’intervalle, au moins à trois reprises, on m’a retourné des chèques que j’avais oublié de signer en réglant de régler des factures. Je n’ai pas souvenir que cette mésaventure me soit arrivée depuis.

La cérémonie à la mairie était simple. En me remettant la collection de livres classiques que chaque heureux (ou même malheureux) mariage recevait, Madame le Maire s’est tournée vers mes beaux-parents, ses administrés, et a dit en souriant : « Je ne me fais aucun souci, ce mariage tiendra. ». Ces paroles étaient-elles suffisantes pour rassurer mes beaux-parents ? Pour l’instant, pas sûr, mais plus tard dans un moment de confidences, Rodolphe mon beau-père que j’appelais « Pep’ » m’a dit : – Tu sais, « Mém’ » t’aime plus que ses enfants.
Il est vrai que je me suis donné la peine de leur écrire chaque semaine une grande page A4 recto-verso, leur dévoilant les détails de notre vie qui pouvaient les intéresser…

Le repas s’est passé paisiblement. A un moment, mon beau-père émotif s’est sentit mal, et j’ai vu Frère Kennel prendre sa main et prier pour lui. Après le « Oui » à la mairie, la belle-famille m’a fait comprendre que patience, c’est le « Oui » devant Dieu qui compte. En conséquence, Simone dormira encore ce soir-là avec sa sœur et moi en solo sur un lit d’appoint au salon. Il est vrai que je suis habitué de dormir en solo, alors rien ne me choque, ce n’est pas grave. D’ailleurs, j’ai bien dormi cette nuit-là. La maisonnée était calme, l’air pur, le repos paisible et bienfaisant…

Le lendemain, je suis debout lorsque Mem passe dans le salon pour ouvrir les volets.
– Oh, me dit-elle, il ne fera pas beau, c’est dommage, il y a un nuage !
Effectivement, il y a un léger cumulus, gros comme un billet de cinquante euros. Je ne le savais pas à l’époque mais mon Petit Larousse qui sait presque tout, m’apprend que c’est un nuage de beau temps. Je ne regrette simplement pas de lui avoir dit :
– Mais Mem, c’est un petit nuage ! Regarde, tout le reste est d’un bleu éclatant !  Il fera beau.».
Et effectivement, il a fait un temps radieux.

Ma belle-sœur Élisabeth a été notre conductrice, dans sa somptueuse deux-chevaux je crois. Au bout de quelques kilomètres, un volumineux nuage de fumée (hélas pas un cumulus !) s’échappe du capot. « Seigneur, permets que ce ne soit pas grave, car nous sommes sur une route de campagne et notre cortège se compose d’une seule voiture. ». Une fois le capot levé, il s’avère que ce n’est pas grave : en remettant de l’huile, Élisabeth a oublié de fermer le bouchon. Il y en a partout, je la revois encore avec sa robe couleur jaune poussin et ses mains entourées de chiffons imbibés de gas-oil. Pas grave. Ce petit arrêt nous permet néanmoins d’arriver à l’heure au restaurant, choisi comme la veille par Pep. En entrée, il avait choisi une soupe raffinée à la moelle : pour lui, pas de repas sans soupe !
Nous retrouvons les invités de la veille… Parmi eux, Frère et Sœur Kennel, Claire-Lise, mes parents, mon frère et ma future belle-sœur. Papa m’a prévenu : « On vient au repas, mais on t’attendra au bistrot pendant la cérémonie. ». Parmi mes proches, seule maman est venue au culte du mariage ; elle ne se sentait pas incluse dans le « on ».

Puisque personne ne me connaissait dans l’Assemblée de Simone, j’avais demandé la permission de donner mon témoignage. Il m’a été rapporté par une amie de Simone assise à ses côtés que maman se serait exclamée :
– Mais ce n’est pas possible, je ne reconnais pas mon fils, lui qui est si timide !
Hé oui, maman, tu ne me connaissais pas. « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Corinthiens 5 v 17).

Plus tard, j’ai réinterprété des cantiques et prêché (pas toujours avec grande assurance, je dois l’avouer), devant mille cinq cent personnes. Un de mes messages a d’ailleurs été diffusé en juin dernier à Nancy, au culte après le confinement, lorsque le Pasteur est allé visiter son papa nonagénaire dans le midi de la France…

J’avais dit à Papa : -Tu es libre, tu es invité, si tu ne viens pas, cela n’enlèvera rien à la solidité de notre mariage.
Pour être très honnête, cela ne m’a nullement affecté. L’apôtre Paul dit dans 2 Corinthiens 6 v 4, 10 : « Nous nous recommandons à tous égards comme serviteurs de Dieu… Comme attristés, et nous sommes donnés joyeux ».

J’ai appris ce jour-là une grande leçon : celle de ne pas se laisser enlever la Joie du Seigneur, ni par les gens, ni par les circonstances…
Néhémie 8 v 10 : « La joie de l’Éternel est ma force »

 

André

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