La foi, petite et grande

En ce nouveau dimanche de confinement (15 novembre), je me penche sur un sujet qui m’interpelle : celui de la Foi. Jésus dans les évangiles parle souvent de « gens de peu de foi ».
Matthieu 8v26 : « Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? » (Darby dira petite foi).
C’est dans la tempête, face à la crainte des disciples qui le réveillent : « Alors, il se leva, menaça les vents et la mer et il y eut un grand calme. »
Dans ce cas, leur manque de confiance dans le Seigneur les a conduits à la crainte.
Matthieu 14 v 30,31 : « Voyant que le vent était fort, (Pierre) eut peur et comme il commençait à s’enfoncer, il s’écria : Seigneur sauve-moi.  Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Lorsque Pierre a cessé de regarder à Jésus, et qu’il a regardé le vent, les vagues, le raisonnement a remplacé la foi et le doute (et la chute) s’est installé.
Il en est de même dans Matthieu 16 v7,8 : « les disciples raisonnaient en eux-mêmes et disaient : c’est parce que nous n’avons pas pris de pain. Jésus l’ayant su, dit : Pourquoi raisonnez-vous en vous-mêmes, gens de peu de foi ? » et il leur rappela la multiplication des pains.
La petite foi conduit aux raisonnements humains en essayant de résoudre nos problèmes sans le Seigneur. Ce qui me frappe, c’est la manière dont le Seigneur réagit face à la petite foi des disciples, par sa pédagogie et sa patience. Il dira néanmoins un jour, Matthieu 17 v17 : « Race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous ? Jusqu’à quand vous supporterai-je ? » Face à l’incapacité des disciples à guérir un enfant démoniaque – on dit de nos jours « démonisé ».
V19 « Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent en particulier « Pourquoi n’avons-nous pas chassé ce démon ? V20 « C’est à cause de votre incrédulité. Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle se transporterait ; rien ne vous serait impossible. »
Je réalise combien ma crainte, mes doutes et mes raisonnements ont dû empêcher le bras de Dieu d’agir.
Mon instituteur de la classe du certificat d’études nous partageait souvent cette citation antique « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde. Je comprends que ce point d’appui est une foi en un grand Dieu. Il en est digne.
Jésus a néanmoins souligné à deux reprises « une grande foi » et chose curieuse, les 2 personnes n’appartenaient même pas à la maison d’Israël. L’un était un centurion romain, Matthieu 8. Il aborde Jésus, entrant à Capernaüm, et lui confie la guérison de son serviteur auquel il est très attaché et qui est V6 « couché à la maison », « atteint de paralysie et souffrant beaucoup. » La démarche de cet homme est remarquable. Pour un Romain, un serviteur est un esclave, et un esclave n’a pas d’âme. Son maître a sur lui, droit de vie ou de mort. Or lui, aime son serviteur. Il se soucie de lui, sympathise avec (de « sun » = avec, et pathein en grec = ressentir). La réponse du centenier à Jésus qui lui avait dit V7 « J’irai et je le guérirai » est extraordinaire pour un centenier censé avoir l’empereur pour dieu. V8 « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dit seulement un mot et mon serviteur sera guéri. » Je suis émerveillé
de cette grande foi. Cet homme savait vraiment qui était Jésus, le Messie d’Israël, son Seigneur et son Dieu. Sa foi s’appuyait sur cette certitude alors que dans le pays, cette vérité était largement combattue, en particulier par les autorités religieuses. Il fallait une grande foi pour tenir ferme et confesser publiquement la personne de Christ.
L’autre récit concerne la femme cananéenne qui cria à Jésus « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David, ma fille est cruellement tourmentée par le démon », Matthieu 15v22. Curieusement, pas un mot du Seigneur.
V23, seuls les disciples parlent, leurs oreilles cassées et leurs cœurs irrités par les cris de supplications et d’espoir de cette malheureuse femme éplorée. « Renvoie-là, car elle crie derrière nous. » Jésus prend enfin la parole : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ».
V25 avec comme réponse, en se prosternant : « Seigneur, secours-moi »
Et la réponse surprenante de Jésus, V26 : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens ». Quoi, venir à Jésus et se faire traiter de chien (terrible injure !).
Sans s’offusquer, cette femme répond V27 : « Oui, Seigneur ». Elle accepte entièrement le jugement du Seigneur et dit en quelque sorte « je n’ai aucun droit à faire valoir, mais je fais appel uniquement à ta grâce et à ta miséricorde » – en quelque sorte « Je n’ai pas de droit ou d’exigence, mais je fais appel à ta grâce et à ta compassion. » C’est cela une grande Foi.
Pour faire grandir la foi, lire la Parole, Romains 10v17, et l’entendre dans la communion fraternelle, la prière, et la mettre en action. Jacques 3 v26 « La foi sans les œuvres est morte ».
Dietrich Bönhoeffer, mort en 1945 dans sa lutte contre Hitler et le nazisme a dit : « attaché à Dieu seul, le croyant est appelé par la Foi à une action obéissante et responsable » (page 91, « L’espion qui croyait », John Hendrik).