« Tu aimes la nature ? », me dit un jeune en me taquinant. Et à ma réponse positive (je suis tombé dans son piège !), il me dit : « Eh, bien, tu n’es rancunier », sous-entendu : « Pourtant, elle ne t’a pas gâté. » Cette remarque faussement amusante a fait joindre mon rire à son sourire, ne sachant pas comment j’allais réagir.
En ce dimanche de confinement, entre 2 coups de téléphone, je me détends en lisant « Mes plus belles histoires d’animaux » de Jacques TREMOLIN de chez France Loisirs. Un animal retient particulièrement mon attention : le GEAI. J’apprends qu’il se nourrit de glands et vit bien sûr là où il y’a des chênes, que tout fait peur aux geais, et tout les met en colère. Que leur cri « rresch » n’est pas harmonieux, mais est un cri d’alarme que toutes les bêtes des bois connaissent, annonçant que quelque chose d’anormal arrive. En l’entendant, les lapins s’immobilisent, les écureuils passent de l’autre côté du tronc, les oiseaux restent piqués sur leurs branches, les grosses bêtes se cachent, blaireau dans son terrier, le lièvre au creux d’un fourré, le renard dans l’un de ses abris secondaires. Le geai a rendu service a rendu service à tout le monde en lançant son « rresch ». Il les protège contre les chasseurs quand ils chassent en battue et que les rabatteurs font du bruit en avançant en ligne, en tapant sur les buissons afin que le gibier apeuré fonce sur les chasseurs qui le fusilleront. Mais lorsque le geai a lancé son cri d’alarme, alors adieu la chasse. Toutes les bêtes prévenues se sont mobilisées, cachées ou défilées d’une façon ou d’une autre.
J’ai vraiment souri en lisant ce récit, car cela m’a rappelé une autre histoire que je me plais à vous raconter maintenant. Après ma rencontre avec le Seigneur en 1963, dans les années suivantes alors que nous habitions mes parents, mon frère, ma grand-mère (une semaine sur trois) et moi, dans un très petit logement de 2 pièces et 1 cuisine, je recherchais le plus souvent possible – afin de tenir ferme dans la foi – la communion avec le Seigneur dans la nature. Après mon travail au bureau, et le repas du soir, je partais à bicyclette à la belle saison. J’avais ce privilège d’habiter à 2 km de la forêt de Moudon, une vaste et belle forêt dont je me souviens, qu’à la lisière, dans les années 50, avec des copains du quartier, nous avions découvert gravé dans l’écorce de gros arbres, les noms et adresses de soldats américains, embusqués là, leurs tranchées en partie comblées par l’amas des feuilles et de pluies automnales ou printanières, qui émouvaient notre imagination, rêvant de ces soldats aux aguets, guettant l’ennemi avec la grande nostalgie de leur pays natal.
Vers cet endroit, adossé à un arbre, j’avais lu avec délice la biographie d’Hudson Taylor, missionnaire anglais (1832-1905) en Chine. Alerté soudain par un bruit de terre remué à proximité du bout de mes pieds allongés, attentif, le livre reposé… Ce n’était qu’une taupe venue admirer la clarté du jour, toute surprise de découvrir en forêt une chaussure humaine.
Un autre jour pas très loin de là, j’aperçois quelque chose qui bouge au loin, qui se dirige vers moi. Vite, je me cache derrière un arbre conséquent et j’attends patiemment sans bouger la visite de ces petits animaux forestiers. Récompensé par la vision de deux charmants lapins de garenne qui passent en folâtrant près de moi, ignorant le bipède voyeur caché près du chemin. Erreur. L’un d’eux revient sur ses pas, s’arrête à 2 mètres (peut-être) de moi, se dresse sur ses deux pattes arrière et dodeline la tête pour observer l’inhabituel intrus. Puis, rassuré, il reprend sa course tranquillement pour rejoindre son copain.
Une autre fois, près d’un ruisseau, c’est une petite horde de chevreuils, sept je pense, que je surprends alors qu’ils étanchaient leur soif. Très fier de cette découverte, je le raconte à la maison et mon jeune frère Claude me dit : « J’aimerais bien voir cela. » Le rendez-vous fut fixé le lendemain qui était un samedi.
Ah mince, pas de chance ! Ce jour-là, un épais brouillard couvrait la campagne de son opacité humide…Tant pis, chose promise, chose due. Imaginez ces deux frangins jusqu’à la forêt, arpentant le même chemin où la veille j’avais fait fuir la horde de chevreuils. Ça y est, nous apercevons le petit ruisseau. Mais ce jour-là, pas d’animaux en vue.
Tout à coup, catastrophe ! Le « rresch » caractéristique du geai. En grand frère avisé, je dis à mon jeune frère « pas de chance, le geai averti ses congénères de notre présence. Nous ne verrons rien aujourd’hui ! » Afin de me contredire, un magnifique chevreuil apparaît. Nous devons être sous le vent. L’animal regarde dans la direction opposée, mais heureusement surpris. Bêtement, les deux humains que nous sommes poussent un « oh ! » Le chevreuil tourne alors la tête vers nous et s’enfuit avec gracilité, nous laissant réjouis et heureux.
Le chrétien, comme le geai, doit alerter ses contemporains. Hébreux 12v14 : « Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur ». Hébreux 12v25 : « gardez-vous de refuser d’entendre celui qui parle. »