Vous m’avez suivi dans la forêt, la promenade était ravigotante, n’est-ce pas ? Acceptez-vous de me suivre à l’école primaire à nouveau ? Vous êtes vraiment sympathique. Merci !
Ça y est ! Hélas, les deux années avec Monsieur Renard sont écoulées. Cet homme sympathique et chaleureux. Le suivant sera-t-il aussi sympathique ? C’est Monsieur Michel qui me paraît austère, qui, comme dit ma mère « ne rit que quand il se brûle ». Ça promet, j’ai vraiment mangé mon pain blanc, le pain dur va arriver… Aïe, mes dents !
Il nous fait bosser ce Monsieur Michel, qui n’a pas perdu son chat (Ah, pardon : c’est la mère Michel) pas drôle pour deux sous. « Quand faut y aller, faut y aller », « marche…ou marche. » Fini le vent qui sifflote « ouuh ! Ouuh ! » Il nous faut maintenant être « in the wind » et ne plus être un spectateur !!! En avant, aventi !! Et Schnell – fissa (c’est beau d’être un très petit soupçon polyglotte…Ah, ah, vous avez bien lu : polyglotte. Et pas comme dira plus tard ma collègue au bureau, voulant m’affirmer qu’elle pouvait s’exprimer en plusieurs langues, me déclara qu’elle était troglodyte, alors que je savais qu’elle ne vivait pas dans les cavernes, mais qu’elle avait épousé le fils de notre boulanger qui s’appelait : PANIGOT… pas quoi ??
D’ailleurs, le Père Michel me dit « tu resteras ici à la récré, j’ai quelque chose à te dire » Waouh ! Qu’elle fut longue, cette première partie de la matinée – Qu’avais-je fait de mal …ou pas fait ? Aurais-je droit à une de ses punitions musclées ? Allez, André, sois courageux, ce ne sera qu’un mauvais moment à passer. Faisons le « dos rond ».
Ça y est ! Tous les élèves sont dans la cour – moment béni de détente pour eux. Ils ne s’en privent pas ; je les entends crier, hurler, se défouler. Quant à moi, ce n’est pas juste ; je dois affronter le fauve affamé. Le pauvre gladiateur désarmé… Je transpire d’avance… Ca y est, il est là devant moi. Nous sommes seuls à seuls, que va-t-il m’arriver ? Qu’a-t-il à me dire ? Que vais-je entendre ? « tu trembles, carcasse »… (J’apprendrai plus tard que c’est une citation du Général Cambronne à Waterloo, sommé de se rendre alors qu’il commandait un des derniers carrés de la vieille garde ; il aurait riposté à l’ennemi « la garde meurt, et ne se rend pas », mais selon une autre version, il répondit par un simple mot à cinq lettres (et ce n’était pas : MARNE !) appelé depuis « le mot de Cambronne. »
Mais revenons à ce terrible face à face entre l’ogre et le petit poucet qui n’emmène pas large… « Je voulais te faire savoir que tu m’as agréablement surpris, puisque ce mois-ci, tu es 3ème de la classe, les deux années confondues alors que tu n’es qu’en première année. C’est très encourageant, il faut absolument que tu continues. Ton avenir en dépend !! »
Ouf, quelle surprise ! être encouragé par Monsieur Michel… Que dire quand les copains vont me demander : « Alors, de quoi t’a-t-il parlé ? T’a-t-il puni ? Oh la v…e » Je vais en dire le moins possible pour ne pas attiser la jalousie, l’envie. Croire que je suis un « chouchou », un « lèche-botte » ou pire, « une balance », de qui on se méfiera.
Des années plus tard, le missionnaire Roland à Tizi OUZOU me dira : « tu sais, André, il faut veiller à ne pas être ou avoir un objet de convoitise pour les défavorisés, craner et étaler des choses qui vont être
convoitées. Mon papa disait à sa manière : « Pour vivre heureux, vivons caché !» p
Pas de tape à l’œil, d’esbroufe…
J’avais souri quand on m’a raconté que pendant la guerre, un boucher avait un superbe jambon bien en vue qui lui avait été subtilisé : « pas vu, pas pris » – sauf que le jambon était …en carton (garanti sans O.G.M. Ah !Ah !)
Encouragé !!! Un de mes petit-fils m’a dit « tu sais comment on dit en Anglais : « Super, nous sommes en vacances ? » Tandis que je cherchais dans ma tête mon maigre reliquat d’Anglais « we are… » il secoua la tête. « Non !! C’est Yes !! » un méga « yes » dont l’écriture m’empêche d’en révéler l’énergie de la tonalité.
Encouragé ! Être des « Barnabas » Actes 4v36, fils d’exhortation.
1Thessaloniciens 3v2 : « Nous envoyâmes Timothée, notre frère, vous affermir et vous exhorter (ou encourager) au sujet de votre foi. » Avoir des paroles de foi, d’espérance, dire des choses avec amour – voir le côté positif des choses, faire du bien, tendre la main quand quelqu’un tombe, l’aider à se relever – qu’il se sente soutenu, aimé. Quelles merveilleuses choses ! L’arrosé (de bénédictions) sera un jour arrosé, Proverbes 11v25.